À 100 € par mois, tu ne transfères pas vers un PER

Dans mon cabinet de conseil fiscal, je rencontre régulièrement des entrepreneurs et particuliers qui s’interrogent sur la pertinence de transférer de petites sommes vers un Plan Épargne Retraite (PER). La question revient souvent : « Est-ce judicieux de transférer 100 € par mois vers un PER ? » Après avoir analysé de nombreux dossiers au fil de ma carrière, je peux vous affirmer qu’un tel montant ne justifie généralement pas cette démarche. Examinons ensemble pourquoi et quelles alternatives pourraient mieux correspondre à votre situation.

Les limites d’un transfert de 100 € mensuels vers un PER #

Le PER a été introduit par la loi PACTE pour simplifier et harmoniser l’épargne retraite. Toutefois, un versement mensuel de 100 euros présente plusieurs inconvénients majeurs qui méritent réflexion. En premier lieu, les frais associés à ces produits peuvent considérablement éroder votre capital sur le long terme.

J’observe dans ma pratique quotidienne que les PER comportent généralement :

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  • Des frais d’entrée (jusqu’à 5% des versements)
  • Des frais de gestion annuels (0,5% à 1% du capital)
  • Des frais d’arbitrage lors des changements d’allocation
  • Des frais sur les rentes (parfois jusqu’à 3%)

Pour un versement de seulement 100 € mensuels, l’impact proportionnel de ces frais devient particulièrement pénalisant. Sur 20 ans, ils peuvent représenter plus de 15% de votre capital final, ce qui est considérable.

Par ailleurs, le blocage des fonds jusqu’à la retraite (hors cas exceptionnels de déblocage anticipé) représente une contrainte importante pour de petites sommes. Dans mon expérience d’accompagnement fiscal, j’ai constaté que la flexibilité financière reste primordiale pour la majorité des épargnants, surtout lorsque leur capacité d’épargne est limitée.

Le tableau comparatif ci-dessous illustre l’impact des frais sur un versement mensuel de 100 € selon différents supports d’épargne :

Support d’épargne Frais moyens Capital après 20 ans (estimation) Flexibilité
PER 2-3% (cumulés) 29 800 € Faible (blocage jusqu’à la retraite)
Assurance-vie 0,5-1% 31 500 € Moyenne (après 8 ans)
PEA 0,2-0,5% 32 200 € Moyenne (après 5 ans)

Quelles alternatives pour optimiser 100 € d’épargne mensuelle ? #

Après quinze années passées à conseiller des clients aux profils variés, j’ai identifié plusieurs alternatives plus pertinentes pour de petits montants d’épargne régulière. L’assurance-vie reste une solution polyvalente particulièrement adaptée pour des versements mensuels modestes.

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Ses atouts principaux résident dans sa flexibilité et sa fiscalité avantageuse après huit ans. Les contrats en ligne proposent désormais des frais très compétitifs, souvent inférieurs à 0,5% annuels, sans frais d’entrée. Pour 100 € mensuels, cette différence de frais par rapport au PER représente un gain substantiel sur le long terme.

Le Plan d’Épargne en Actions (PEA) constitue également une excellente alternative pour investir de petites sommes régulières sur les marchés. Sa fiscalité devient particulièrement intéressante après cinq ans, et les frais des courtiers en ligne sont aujourd’hui très compétitifs. J’encourage souvent mes clients entrepreneurs à considérer cette option pour diversifier leur patrimoine.

Pour ceux qui souhaitent absolument préparer leur retraite mais avec de petits montants, une stratégie progressive peut s’avérer judicieuse :

  1. Constituer d’abord une épargne de précaution sur un livret
  2. Investir ensuite via une assurance-vie ou un PEA
  3. Envisager un PER uniquement lorsque les versements peuvent atteindre au moins 200-300 € mensuels
  4. Adapter sa stratégie selon l’évolution de sa tranche marginale d’imposition

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Les conditions qui rendraient pertinent un transfert vers un PER #

Dans certains contextes spécifiques, même un versement de 100 € mensuels sur un PER pourrait se justifier. L’avantage fiscal immédiat peut être significatif pour les contribuables fortement imposés, notamment ceux situés dans les tranches à 30% ou plus. Les versements sur un PER sont déductibles du revenu imposable, ce qui représente une économie d’impôt substantielle.

Par exemple, pour un contribuable imposé à 30%, un versement annuel de 1 200 € (100 € × 12 mois) génère une économie d’impôt de 360 €. Cette économie compense partiellement les inconvénients liés aux frais et au manque de flexibilité. J’observe néanmoins que cette optimisation fiscale prend tout son sens avec des montants plus importants.

Un autre cas de figure pertinent concerne les personnes proches de la retraite qui souhaitent profiter d’une fiscalité avantageuse à court terme. Pour ces profils spécifiques, même de petits versements peuvent s’inscrire dans une stratégie globale de défiscalisation.

Enfin, certains PER collectifs négociés par les entreprises proposent des conditions tarifaires plus avantageuses et parfois un abondement de l’employeur. Dans ce cas précis, même 100 € mensuels peuvent représenter un placement intéressant, surtout si l’entreprise complète ce versement. Dans ma pratique de conseil aux dirigeants, j’analyse toujours ces opportunités avec attention.

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Claire Vignon

Claire Vignon est consultante indépendante en fiscalité d’entreprise depuis plus de 15 ans. Après avoir travaillé au sein de cabinets spécialisés et accompagné de nombreuses sociétés dans leur structuration juridique et fiscale, elle s’est tournée vers la vulgarisation et l’accompagnement personnalisé. Sur rolland-nino.fr, elle partage ses analyses précises et concrètes sur les statuts juridiques, les charges sociales, les régimes fiscaux avantageux et les dernières réformes. Son objectif ? Aider les entrepreneurs à naviguer dans le labyrinthe administratif français, sans jargon inutile, avec un regard critique, mais toujours constructif.