En accompagnant des entrepreneurs depuis plus de 15 ans, j’ai pu constater une réalité incontournable : la préparation de la retraite représente un enjeu majeur pour les travailleurs non-salariés. Contrairement aux salariés qui bénéficient souvent de dispositifs collectifs, les TNS doivent prendre en main leur avenir financier avec une vigilance particulière. Après avoir analysé des centaines de situations patrimoniales d’indépendants, je peux affirmer que le Plan d’Épargne Retraite (PER) constitue l’un des outils les plus adaptés à leur profil. Sa flexibilité et ses avantages fiscaux en font un véritable levier stratégique, à condition de l’utiliser intelligemment. Tout au long de cet article, je vous propose d’chercher les stratégies optimales pour tirer pleinement parti de ce dispositif, en tenant compte des spécificités propres à votre statut de TNS.
Les défis spécifiques des TNS face à la préparation de la retraite #
Les travailleurs non-salariés font face à une réalité que j’observe quotidiennement dans ma pratique : leurs cotisations retraite obligatoires génèrent des droits souvent insuffisants pour maintenir leur niveau de vie. Par voie de conséquence, la pension moyenne d’un indépendant représente généralement entre 50% et 60% de ses derniers revenus d’activité, contre 70% à 75% pour un salarié.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs structurels. D’abord, les TNS cotisent généralement sur des bases plus faibles que les salariés. Ensuite, leur système de retraite complémentaire est moins généreux. Enfin, les fluctuations de revenus, inhérentes à l’activité indépendante, peuvent créer des périodes de cotisations réduites impactant négativement les droits futurs.
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Face à ce constat, j’encourage systématiquement mes clients à anticiper la préparation de leur retraite dès les premières années d’activité. Voici les principales étapes que je recommande :
- Estimer vos droits retraite via les simulateurs officiels
- Définir votre objectif de revenu à la retraite
- Calculer l’écart à combler entre pension obligatoire et objectif
- Mettre en place une stratégie d’épargne progressive
- Réviser régulièrement votre plan en fonction de l’évolution de votre activité
Cette démarche méthodique permet d’éviter les mauvaises surprises et d’ajuster progressivement l’effort d’épargne nécessaire. J’ai constaté qu’un indépendant qui commence à épargner dès 35 ans aura généralement besoin de mettre de côté environ 10% à 15% de ses revenus annuels pour maintenir son niveau de vie à la retraite.
Le PER, un outil fiscalement avantageux pour les TNS #
Parmi les solutions d’épargne disponibles, le Plan d’Épargne Retraite a pour particularité sa pertinence pour les travailleurs indépendants. Au fil de mes consultations, j’ai pu mesurer à quel point ce dispositif répond aux problématiques spécifiques des TNS, notamment grâce à sa dimension fiscale.
L’atout majeur du PER réside dans sa capacité à réduire l’assiette imposable de l’indépendant. Les versements effectués sont déductibles, ce qui permet de diminuer significativement la pression fiscale dans une période d’activité où les revenus sont généralement plus élevés qu’à la retraite.
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Pour les TNS, deux options de déduction s’offrent à eux :
Type de déduction | Fonctionnement | Plafond 2025 | Pertinence |
---|---|---|---|
Déduction du revenu professionnel | Réduit le bénéfice imposable de l’activité | 10% du bénéfice imposable (plafonné à 8 PASS) ou 10% du PASS | Idéal si taux marginal d’imposition élevé et activité bénéficiaire |
Déduction du revenu global | Réduit l’ensemble des revenus du foyer fiscal | 10% du PASS ou 10% des revenus professionnels | Pertinent si autres revenus imposables dans le foyer |
Dans ma pratique, j’observe que la déduction du revenu professionnel s’avère généralement plus avantageuse pour les TNS à forts revenus. Elle permet de réduire à la fois l’impôt sur le revenu et, dans certains cas, les charges sociales. En revanche, pour les TNS aux revenus plus modestes ou ceux dont le conjoint dispose de revenus élevés, la déduction du revenu global peut s’avérer préférable.
J’ai accompagné récemment un consultant indépendant réalisant 95 000€ de bénéfice annuel. En versant 15 000€ sur son PER avec une déduction du revenu professionnel, il a économisé près de 7 500€ d’impôts et charges sociales. Cette stratégie lui a permis de transformer une partie de sa fiscalité immédiate en épargne pour son avenir.
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Stratégies optimales selon votre profil de TNS #
Mon expérience auprès des indépendants m’a permis d’identifier des approches différenciées selon le statut juridique et fiscal du TNS. Pour optimiser votre stratégie d’épargne retraite, il est essentiel de prendre en compte ces spécificités.
Pour les TNS exerçant en entreprise individuelle (BIC/BNC), je recommande généralement de maximiser les versements déductibles du revenu professionnel. Cette approche permet de réduire simultanément l’assiette de l’impôt sur le revenu et celle des cotisations sociales, créant ainsi un double avantage. Dans ce cas, la solution optimale consiste souvent à lisser les versements pour maintenir un niveau de bénéfice régulier et éviter les variations trop importantes d’une année sur l’autre.
Pour les gérants majoritaires de sociétés à l’IS, l’équation devient plus complexe. Deux options s’offrent à eux : des versements personnels déductibles du revenu global ou des versements effectués par l’entreprise. J’observe que cette seconde option présente souvent un meilleur rendement fiscal, car elle permet de réduire l’assiette de l’impôt sur les sociétés et d’éviter les charges sociales sur les sommes versées. En revanche, elle implique de renoncer à une partie de sa rémunération immédiate.
Dans tous les cas, je conseille d’adopter une approche progressive et équilibrée. Il est rarement judicieux de consacrer plus de 20% de ses revenus à l’épargne retraite, au risque de fragiliser sa trésorerie personnelle ou celle de l’entreprise. L’idéal consiste à définir un pourcentage cible (généralement entre 10% et 15% des revenus) et à s’y tenir avec régularité.
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Les avantages complémentaires du PER pour les indépendants #
Au-delà de son aspect fiscal, le PER offre d’autres atouts qui en font un outil particulièrement adapté aux travailleurs non-salariés. J’ai pu constater que sa souplesse répond parfaitement aux besoins des entrepreneurs dont la carrière est souvent marquée par des phases d’évolution et de transformation.
Contrairement aux anciens dispositifs d’épargne retraite, le PER permet des sorties anticipées dans plusieurs situations qui correspondent aux réalités entrepreneuriales : acquisition de la résidence principale, difficultés économiques de l’entreprise, ou encore cessation d’activité suite à liquidation judiciaire. Cette flexibilité offre une sécurité appréciable pour les indépendants, souvent exposés à des aléas professionnels.
Le PER présente également des avantages en matière de transmission patrimoniale, avec une fiscalité successorale proche de celle de l’assurance-vie. Pour les TNS qui considèrent leur épargne retraite comme un élément de leur stratégie patrimoniale globale, cet aspect est particulièrement pertinent.
Enfin, la simplicité administrative du PER mérite d’être soulignée. Dans un quotidien d’indépendant déjà chargé en obligations administratives, disposer d’un outil d’épargne retraite facile à gérer représente un avantage non négligeable. Les versements peuvent être programmés ou ponctuels, permettant ainsi de s’adapter aux fluctuations de trésorerie inhérentes à l’activité indépendante.
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